Deux jours de voiture avec la lecture en parallèle de Villa Vortex et American Black Box. Les rares fois où j'ai pris le volant, j'ai vu ma vie défiler avec celle de mes enfants ( deux accidents évités de justesse) et mon cher mari a fini par me dire : "tu lis, je conduis."Le Diable était enragé... Depuis que je lis Dantec, je suis comme Kernal dans Villa Vortex : je découvre "la théorie", c'est à dire je lis et ces lectures deviennent une forme d'arme absolue. Je n'en avais pas conscience tout en en ayant très vaguement l'intuition depuis toujours. Maintenant la question : pourquoi une mère de famille ? Je n'ai pas de réponse. Ecoutez donc cela : "J'étais devenu un combattant de la Théorie, un moine-soldat, le guerrier d'une armée secrète, sans nom et sans visage, le réseau de la nuit, l'armée des morts." (Villa Vortex, Folio S.F. p321).Je continue :" Mon cerveau : une usine à cartes, un monstre machinique qui s'étoilait tel un réseau par-dessus le monde en son entier, une gigantesque toile d'araignée qui traçait et retraçait les parcours virtuels d'auteurs probables de crimes qui n'existaient pas."
"J'étais devenu un appendice de la bibliothèque de Wolfmann. Un appendice qui se nourrissait de ce qui le dévorait, c'était assez paradoxal tout ça, mais je m'y étais fait, aux paradoxes."
Voilà, X cherche des portraits des membres de la Communauté ? en voilà un : le mien. Mettez au féminin la citation ci-dessus et le tour est joué. Je ne suis pas enchantée de cette transformation, c'est très angoissant mais je n'ai pas le choix. Alors je lis. Tout. Le jour, je travaille ( dans le domaine de la justice, ça ne s'invente pas) et je m'occupe de mes enfants, je suis une mère de famille. La nuit, en voiture, en vacances, je lis. C'est à dire j'oppose à ce monde qui est le mien et qui se désagrège une forme de rec-tification et de re-construction. Singulière.Et à chaque commentaire de l'un d'entre vous, commentaire unique et singulier, le monde se rec-tifie, me semble t-il.
J'ai esquivé le combat pendant 15 ans. Je n'ai pas ouvert un livre digne de ce nom pendant 15 ans. Mais maintenant, je ne peux plus esquiver quoi que ce soit. J'ai lu dernièrement 'L'obscurité du dehors" de Cormac MacCarthy. Une lecture entière pour une seule phrase que je me suis prise dans la tronche "Vous avez peur toute seule ? Un peu. Des fois. Pas vous ? Oui m'dame.* J'ai toujours eu peur. *Même quand y avait personne d'assassiné nulle part." Alors, bon, j'ai toujours peur, n'est ce pas, mais je témoigne quand même. "Ce qui compte, Kernal, c'est la connaissance. Ce qui compte c'est la poursuite de la Théorie." (P327) "La lecture du livre ne me fut évidemment d'aucun secours sur le plan concret entendu comme tel par nos supérieurs, ce n'était pas ce qu'escomptait Wolfmann au demeurant, sans doute voyait-il déjà plus loin que ce qui pendait au nez."(P328)
C'est pas gagné ma petite dame, allez-vous me dire...Non, ça n'est pas gagné surtout avec des lectrices aussi pauvrement armées intellectuellement!!
"Au fil des kilomètres mon cerveau s'engage dans une lutte contre l'entropie, au fil des kilomètres il redéfinit de nouveaux contours, de nouvelles possibilités, de nouvelles questions." (P335; ça, c'était cette après midi en bagnole; en fait, c'est tout le temps.)
"Vous n'êtes pas habitué. Vous manquez de discipline" dit Wolfmann au pauvre Kernal qui se tue à la tâche (la lecture).Il lui propose de la méthédrine. Excellent pensais-je en moi-même mais c'est pas le top du top. Vous voulez connaître la meilleure des drogues ? Ah! Ah! Voyons! réfléchissez! Que peut-être la meilleure des drogues pour une mère de famille? Ses enfants, bien sûr. La vraie, la seule, l'unique drogue qui fait qu'on peut tenir une nuit entière sans dormir , que l'on peut se battre contre plus fort que soi et le battre bien sûr...
Je continue : "En tous cas, une chose était sûre désormais : devenir, tout en l'écrivant, le personnage d'un roman non écrit, revenu par miracle du trou noir de l'Europe, me paraissait nettement plus enthousiasmant que de vivre sans fin cette réalité, dite " quotidienne" et saccagée par la petitesse des rêves....Le LIVRE AURAIT RAISON DU MONDE" ( P602; c'est moi qui ai grossi la taille des lettres.)
En quoi lire tel ou tel livre de Dantec est essentiel demande benoîtement X.Essentiel ? VITAL me parait plus approprié. Je vous livre un passage de ce livre extraordinaire, "La source vive", d'Ayn Rand, ( dont je vous parlerai peut-être un jour car toutes mes lectures se recoupent et forment une carte du monde :" L'Enigme du Code m'obsédait" ( Villa Vortex P518 ) )
"Il se demanda pourquoi il éprouvait comme un sentiment d'attente. L'attente d'une explosion au-dessus de leurs têtes. Cela lui parut d'abord stupide, puis il comprit. C'est exactement ce que doit ressentir, se dit-il, un homme terré dans un trou d'obus. Cette chambre n'est pas simplement le témoignage d'extrême pauvreté, elle est l'aboutissement d'une guerre, dont les dévastations sont plus terribles encore que celles que peuvent causer les armes de tous les arsenaux du monde. C'est une guerre contre un ennemi qui n'a ni nom, ni visage."
Un livre, en l'occurrence un livre de Dantec, peut provoquer une forme de déflagration nucléaire dans un cerveau. C'est ce qui s'est passé pour moi. J'espère que ce type de déflagration s'opérera dans des cerveaux mieux constitués que le mien. D'un autre côté, il est écrit quelque part dans le Livre :"Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits." ( Matthieu, 11; v. 22)
"All the secrets are in the black box, but the secret itself is the black box.
Car ici cet endroit ne peut apparaître que pour vous seul. Je ne parle pas de la version vulgaire et "individualiste" de ce qu'il est convenu d'appeler l'American Dream...ni de sa figure dialectique millérienne du "Cauchemar climatisé"...Non je parle d'un "endroit"vraiment singulier, disons d'un nexus du temps et de l'espace qui vous apparaît, pour vous et vous seul, expérience intransmissible et qui s'annonce telle, alors même que vous vous y attendiez le moins." ( American Black Box, p457)
Un livre de Dantec ? Qu'est ce que cela provoque en nous qui sommes des "TETE DE LECTURE EXPERIMENTALE" ( Villa Vortex, p 831).Une déflagration nucléaire...Mais encore? avez-vous l'audace de demander, comme des enfants qui ne doutent de rien et veulent toujours plus...Dantec répond : "C'est en toi, tête de lecture, que devait se dérouler l'expérience de la narration, c'est toi qui étais visé en premier lieu par ce voyage aux confins de notre infra-monde en errance..." "C'est toi qui a pérégriné de mondes en mondes, qui ne sont qu'un seul, le nôtre."
Qu'avons nous gagné à cette pérégrination infinie, continuez vous de demander avec l'inconscience qui caractérise les enfants, car vous êtes des enfants et des enfants très spéciaux, des Babylon Babies, n'est ce pas ?
"J'espère que tu auras compris que cette mort biologique partielle n'est que le prix à payer pour que l'économie du Don en toi, peut-être, se fasse jour." ( p 835)
Oui, j'espère aussi que le Verbe vous parle de l'intérieur maintenant que vous avez refermé le livre.
Affichage des articles dont le libellé est portraits. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est portraits. Afficher tous les articles
jeudi 26 mai 2011
vendredi 23 janvier 2009
Toorop-Petraeus; La théorie de l'Anaconda
QUI EST DAVID PEATRUS?
Par Guy Sorman,auteur "de made in USA" ed Fayard.
Le Président Obama a reçu ce jour le Général David Petraeus à la Maison Blanche ; il compte sur lui pour quitter l'Irak dans les meilleures conditions possibles et pour progresser en Afghanistan . Ce même officier qui a si bien servi George W Bush est maintenant au service d'une autre politique , à moins qu'il ne s'agisse de la même. On ne sait pas encore . Nous venons de rencontrer Petraeus à New York ; voici son portrait , ou "profile" comme on dit aux Etats-Unis.
"Les Irakiens l’ont surnommé le Roi David. Un titre plutôt affectueux que le Général David Petraeus a gagné en 2003, après s’être emparé de Bagdad puis de Mossoul. Mossoul, dont il devint un peu par hasard, le gouverneur. « Je suis entré au siège du gouvernement, se souvient Petraeus, j’ai demandé où était l’administration ? ». Les Américains n’avaient pas envisagé que toutes les institutions irakiennes se volatiliseraient. Un huissier qui n’avait pas pris la fuite expliqua à Petraeus que dès l’instant où il était le conquérant, il lui revenait aussi de gouverner l’Irak. Petraeus improvisa : il poursuivit de front l’offensive militaire et la reconstruction du pays. « Nous avions découvert, me dit Petraeus que nous étions des étrangers dans un pays étrange ». L’armée américaine, admet-il, ne connaissait rien à la civilisation arabe. Mais il en tire les conséquences. De retour aux Etats-Unis, nommé directeur de l’Ecole de guerre, il va modifier radicalement la culture militaire américaine. « Ma génération (il est né en 1956) a été formée, se souvient-il, pour détruire des chars soviétiques avec nos hélicoptères ». Une formation inutile dans la lutte moderne contre le terrorisme. Terrorisme ? Petraeus refuse d’employer le terme de « guerre contre la terreur ». Le terrorisme, explique-t-il, n’est qu’un aspect d’un combat global engagé par les « extrémistes » contre nos valeurs et nos modes de vie ». Rappelons que le serment du soldat américain exige qu’il protège « l’American way of life ». À partir de cette définition de l’extrémisme et de son expérience en Irak, Petraeus a rédigé le Manuel de la contre insurrection (counter insurgency), la nouvelle bible de l’armée américaine. George W. Bush le renverra en Irak en 2007 avec mission d’appliquer ses idées. « Petraeus a réussi, au-delà de nos rêves les plus fous », a commenté Barack Obama au cours de sa campagne présidentielle.
Petraeus a-t-il gagné la guerre ou du moins a-t-il empêché que les Etats-Unis la perdent ? « Il ne faut plus raisonner en termes de victoire ou de défaite, dit-il. Le temps est passé où on plantait un drapeau sur une colline. » La guerre contre l’extrémisme doit être mesurée en termes de « dynamique » et de « progrès ». En Irak, dit Petraeus, des progrès remarquables ont été accomplis, en collaboration avec la nouvelle armée irakienne : « des progrès mesurables, fragiles et réversibles ». Mais l’opinion publique aux Etats-Unis, constate le Général, a déjà oublié ce qu’était la situation il y a un an : de quarante attentats par jour à Bagdad en 2007, le pays est passé à un taux de criminalité comparable à certains pays d’Amérique latine.
Ce succès fragile a été acquis beaucoup grâce à une augmentation des effectifs, dit Petraeus, mais avant tout grâce à l’application d’idées nouvelles. Ancien de l’académie militaire de West Point mais aussi diplômé de l’Université de Princeton, Petraeus est considéré aux Etats-Unis, comme un intellectuel-soldat : le héros d’une nouvelle génération à la tête de l’armée. Depuis son succès en Irak, Petraeus bénéficie d’une aura comparable à celle de grands officiers du passé, comme Eisenhower ou MacArthur. On lui prête donc des intentions politiques qu’il n’a pas, ou pas encore. Si Petraeus n’a pas cette ambition, il n’empêche qu’aucun homme d’Etat, pas plus George W. Bush que Barack Obama, ne prend une décision stratégique sans, au préalable, « écouter les militaires » : en clair « sans l’avis de Petraeus ».
« Mes idées, dit Petraeus, je les ai puisées dans notre mémoire historique. Naguère, l’armée américaine alliait l’art de la guerre à celui de l’administration ». Ce fut le cas lors des « guerres indiennes » du XIXe siècle (l’armée américaine, contrairement à Hollywood, conserve une mémoire positive de cette guerre vécue comme civilisatrice) ; ce fut aussi ,en 1900, l’expérience de l’armée contre l’insurrection des Philippines. « À cette époque, rappelle Petraeus, l’armée combattait les extrémistes et, en même temps, édifiait des écoles, des hôpitaux, des routes ». Une autre source d’inspiration pour Petraeus est l’armée française en Algérie. Il convient, dit-il, de ne pas répéter ses erreurs : la torture, les agressions contre la population locale. Mais il convient aussi de répliquer ce que Petraeus considère être ses succès : « apporter la sécurité à la population, lui rendre des services concrets et vivre parmi elle ». Des méthodes qui furent systématisées dans un livre peu connu en France, Contre-insurrection, Théorie et pratique de David Galula, officier en Kabylie en 1958 ; Petraeus en a préfacé l’édition américaine et rendu l’étude obligatoire pour tous les officiers. Et il ne se lasse pas de regarder La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo, film culte qu’il impose à tous ses visiteurs.
C’est à Petraeus qu’il revient maintenant, après être entré en Irak, d’en sortir, sous les ordres de Robert Gates, hier ministre de la Défense de George W. Bush et aujourd’hui, de Barack Obama. « L’armée, dit Petraeus, se réjouit de cette continuité ». Sortir d’Irak ? Petraeus récuse le mot : il s’agit d’organiser une « transition » entre l’armée américaine et l’armée irakienne. Une transition déjà engagée. Mais Petraeus admet que les sorties réussies, après une guerre contre les extrémistes, sont rares : il cite deux expériences, le retrait britannique de Malaisie et d’Oman, deux guérillas vaincues qui ont fait place à des Etats stables.
Et à peine sorti d’Irak, l’armée américaine devra se concentrer sur l’Afghanistan. David Petraeus, depuis septembre 2007, est le Centcom, commandant de l’armée américaine pour une zone qui couvre le Proche-Orient, l’Asie centrale, le Pakistan. Le siège du Centcom est en Floride à Tampa ; mais Petraeus est en déplacement perpétuel. Suivi d’une escorte de soldats-intellectuels et d’un équipement de communication mobile, il gère ses réunions depuis n’importe quel lieu dans le monde, au sol ou dans les airs. » L’Afghanistan, dit Petraeus, sera un peu plus facile à gérer dans l’opinion publique : cette guerre est perçue comme juste, par opposition à la sale guerre en Irak. Mais sur le terrain, ce sera plus dur ». Au contraire de l’Irak, l’Afghanistan n’a pas de ressources, pas de tradition étatique, peu d’élites éduquées. Petraeus est déterminé à y appliquer sa méthode : vivre parmi la population, lui apporter la sécurité, instaurer une administration légitime, créer une économie viable. Petraeus appelle cela la stratégie de l’Anaconda : le schéma projeté sur écran ressemble à un gros serpent qui se nourrit de tous les ingrédients possibles, des Forces spéciales à la construction d’écoles et aux opérations de propagande. Ceci imposera, dit-il, » non pas une unité de commandement - avec l’Otan, c’est hors d’atteinte - mais une unité de coordination », pour l’instant inexistante. « Si nos idées sont justes, dit Petraeus, elles nous permettront de vaincre les extrémistes. Ceux-ci ont pris l’avantage, parce que nous restons prisonniers de méthodes militaires archaïques ». Et certains pays ne coopéraient pas avec l’Otan parce qu’ils se croyaient à l’abri. « Cela changera à mesure que les extrémistes étendront leur champ d’intervention ». Petraeus assure que la conscience du danger extrémiste devient plus claire. Ainsi, l’Arabie Saoudite a-t-elle échappé à la déstabilisation, que tout le monde annonçait il y a deux ou trois ans : le gouvernement a compris la nature du danger et adopté la stratégie tous azimuths de Petraeus (« par coïncidence », dit-il). La même prise de conscience opère maintenant au Pakistan, en Inde. Mais tout progrès est réversible : la Bosnie où Petraeus a servi en 1995, menace de nouveau d’exploser. Cette guerre contre l’extrémisme durera plusieurs générations ; Barack Obama maintenant le sait."
New York, 22 janvier 2009
Par Guy Sorman,auteur "de made in USA" ed Fayard.
Le Président Obama a reçu ce jour le Général David Petraeus à la Maison Blanche ; il compte sur lui pour quitter l'Irak dans les meilleures conditions possibles et pour progresser en Afghanistan . Ce même officier qui a si bien servi George W Bush est maintenant au service d'une autre politique , à moins qu'il ne s'agisse de la même. On ne sait pas encore . Nous venons de rencontrer Petraeus à New York ; voici son portrait , ou "profile" comme on dit aux Etats-Unis.
"Les Irakiens l’ont surnommé le Roi David. Un titre plutôt affectueux que le Général David Petraeus a gagné en 2003, après s’être emparé de Bagdad puis de Mossoul. Mossoul, dont il devint un peu par hasard, le gouverneur. « Je suis entré au siège du gouvernement, se souvient Petraeus, j’ai demandé où était l’administration ? ». Les Américains n’avaient pas envisagé que toutes les institutions irakiennes se volatiliseraient. Un huissier qui n’avait pas pris la fuite expliqua à Petraeus que dès l’instant où il était le conquérant, il lui revenait aussi de gouverner l’Irak. Petraeus improvisa : il poursuivit de front l’offensive militaire et la reconstruction du pays. « Nous avions découvert, me dit Petraeus que nous étions des étrangers dans un pays étrange ». L’armée américaine, admet-il, ne connaissait rien à la civilisation arabe. Mais il en tire les conséquences. De retour aux Etats-Unis, nommé directeur de l’Ecole de guerre, il va modifier radicalement la culture militaire américaine. « Ma génération (il est né en 1956) a été formée, se souvient-il, pour détruire des chars soviétiques avec nos hélicoptères ». Une formation inutile dans la lutte moderne contre le terrorisme. Terrorisme ? Petraeus refuse d’employer le terme de « guerre contre la terreur ». Le terrorisme, explique-t-il, n’est qu’un aspect d’un combat global engagé par les « extrémistes » contre nos valeurs et nos modes de vie ». Rappelons que le serment du soldat américain exige qu’il protège « l’American way of life ». À partir de cette définition de l’extrémisme et de son expérience en Irak, Petraeus a rédigé le Manuel de la contre insurrection (counter insurgency), la nouvelle bible de l’armée américaine. George W. Bush le renverra en Irak en 2007 avec mission d’appliquer ses idées. « Petraeus a réussi, au-delà de nos rêves les plus fous », a commenté Barack Obama au cours de sa campagne présidentielle.
Petraeus a-t-il gagné la guerre ou du moins a-t-il empêché que les Etats-Unis la perdent ? « Il ne faut plus raisonner en termes de victoire ou de défaite, dit-il. Le temps est passé où on plantait un drapeau sur une colline. » La guerre contre l’extrémisme doit être mesurée en termes de « dynamique » et de « progrès ». En Irak, dit Petraeus, des progrès remarquables ont été accomplis, en collaboration avec la nouvelle armée irakienne : « des progrès mesurables, fragiles et réversibles ». Mais l’opinion publique aux Etats-Unis, constate le Général, a déjà oublié ce qu’était la situation il y a un an : de quarante attentats par jour à Bagdad en 2007, le pays est passé à un taux de criminalité comparable à certains pays d’Amérique latine.
Ce succès fragile a été acquis beaucoup grâce à une augmentation des effectifs, dit Petraeus, mais avant tout grâce à l’application d’idées nouvelles. Ancien de l’académie militaire de West Point mais aussi diplômé de l’Université de Princeton, Petraeus est considéré aux Etats-Unis, comme un intellectuel-soldat : le héros d’une nouvelle génération à la tête de l’armée. Depuis son succès en Irak, Petraeus bénéficie d’une aura comparable à celle de grands officiers du passé, comme Eisenhower ou MacArthur. On lui prête donc des intentions politiques qu’il n’a pas, ou pas encore. Si Petraeus n’a pas cette ambition, il n’empêche qu’aucun homme d’Etat, pas plus George W. Bush que Barack Obama, ne prend une décision stratégique sans, au préalable, « écouter les militaires » : en clair « sans l’avis de Petraeus ».
« Mes idées, dit Petraeus, je les ai puisées dans notre mémoire historique. Naguère, l’armée américaine alliait l’art de la guerre à celui de l’administration ». Ce fut le cas lors des « guerres indiennes » du XIXe siècle (l’armée américaine, contrairement à Hollywood, conserve une mémoire positive de cette guerre vécue comme civilisatrice) ; ce fut aussi ,en 1900, l’expérience de l’armée contre l’insurrection des Philippines. « À cette époque, rappelle Petraeus, l’armée combattait les extrémistes et, en même temps, édifiait des écoles, des hôpitaux, des routes ». Une autre source d’inspiration pour Petraeus est l’armée française en Algérie. Il convient, dit-il, de ne pas répéter ses erreurs : la torture, les agressions contre la population locale. Mais il convient aussi de répliquer ce que Petraeus considère être ses succès : « apporter la sécurité à la population, lui rendre des services concrets et vivre parmi elle ». Des méthodes qui furent systématisées dans un livre peu connu en France, Contre-insurrection, Théorie et pratique de David Galula, officier en Kabylie en 1958 ; Petraeus en a préfacé l’édition américaine et rendu l’étude obligatoire pour tous les officiers. Et il ne se lasse pas de regarder La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo, film culte qu’il impose à tous ses visiteurs.
C’est à Petraeus qu’il revient maintenant, après être entré en Irak, d’en sortir, sous les ordres de Robert Gates, hier ministre de la Défense de George W. Bush et aujourd’hui, de Barack Obama. « L’armée, dit Petraeus, se réjouit de cette continuité ». Sortir d’Irak ? Petraeus récuse le mot : il s’agit d’organiser une « transition » entre l’armée américaine et l’armée irakienne. Une transition déjà engagée. Mais Petraeus admet que les sorties réussies, après une guerre contre les extrémistes, sont rares : il cite deux expériences, le retrait britannique de Malaisie et d’Oman, deux guérillas vaincues qui ont fait place à des Etats stables.
Et à peine sorti d’Irak, l’armée américaine devra se concentrer sur l’Afghanistan. David Petraeus, depuis septembre 2007, est le Centcom, commandant de l’armée américaine pour une zone qui couvre le Proche-Orient, l’Asie centrale, le Pakistan. Le siège du Centcom est en Floride à Tampa ; mais Petraeus est en déplacement perpétuel. Suivi d’une escorte de soldats-intellectuels et d’un équipement de communication mobile, il gère ses réunions depuis n’importe quel lieu dans le monde, au sol ou dans les airs. » L’Afghanistan, dit Petraeus, sera un peu plus facile à gérer dans l’opinion publique : cette guerre est perçue comme juste, par opposition à la sale guerre en Irak. Mais sur le terrain, ce sera plus dur ». Au contraire de l’Irak, l’Afghanistan n’a pas de ressources, pas de tradition étatique, peu d’élites éduquées. Petraeus est déterminé à y appliquer sa méthode : vivre parmi la population, lui apporter la sécurité, instaurer une administration légitime, créer une économie viable. Petraeus appelle cela la stratégie de l’Anaconda : le schéma projeté sur écran ressemble à un gros serpent qui se nourrit de tous les ingrédients possibles, des Forces spéciales à la construction d’écoles et aux opérations de propagande. Ceci imposera, dit-il, » non pas une unité de commandement - avec l’Otan, c’est hors d’atteinte - mais une unité de coordination », pour l’instant inexistante. « Si nos idées sont justes, dit Petraeus, elles nous permettront de vaincre les extrémistes. Ceux-ci ont pris l’avantage, parce que nous restons prisonniers de méthodes militaires archaïques ». Et certains pays ne coopéraient pas avec l’Otan parce qu’ils se croyaient à l’abri. « Cela changera à mesure que les extrémistes étendront leur champ d’intervention ». Petraeus assure que la conscience du danger extrémiste devient plus claire. Ainsi, l’Arabie Saoudite a-t-elle échappé à la déstabilisation, que tout le monde annonçait il y a deux ou trois ans : le gouvernement a compris la nature du danger et adopté la stratégie tous azimuths de Petraeus (« par coïncidence », dit-il). La même prise de conscience opère maintenant au Pakistan, en Inde. Mais tout progrès est réversible : la Bosnie où Petraeus a servi en 1995, menace de nouveau d’exploser. Cette guerre contre l’extrémisme durera plusieurs générations ; Barack Obama maintenant le sait."
New York, 22 janvier 2009
Bush
Trouvé dans blog pour la vie :
20 janv. 2009
Discours d'adieu de G.W. Bush
Monsieur Obama en ferait-il autant ? Certainement non ! De quel président a-t-on déjà entendu des paroles telles que celles proclamées par l'ancien président des Etats-Unis, Georges W. Bush, lors de son discours d'adieu ?
ATTENTION : président pro-vie
"Le droit le plus fondamental du gouvernement est de protéger la vie de l'innocent. Mon administration a été investie pour établir une culture de la vie en favorisant vigoureusement l'adoption et les lois parentales, s'opposant au financement fédéral de l'avortement, en encourageant l'abstinence des adolescants [...]. J'ai signé la législation en 2003 interdisant la pratique cruelle de l'avortement par naissance partielle et cette loi représente notre engagement à établir une culture de la vie en Amérique. [...]
MAINTENANT, DONC, MOI, GEORGE W. BUSH, président des Etats-Unis d'Amérique, en vertu de l'autorité dont j'ai été investi par la constitution et les lois des Etats-Unis, je proclame le 18 janvier 2009, journée nationale de la sacralité de la vie humaine. J'invite tous les Américains à célébrer ce jour avec des cérémonies appropriées et à souligner notre engagement à respecter et à protéger la vie et la dignité de chaque être humain."
Source : The White House
20 janv. 2009
Discours d'adieu de G.W. Bush
Monsieur Obama en ferait-il autant ? Certainement non ! De quel président a-t-on déjà entendu des paroles telles que celles proclamées par l'ancien président des Etats-Unis, Georges W. Bush, lors de son discours d'adieu ?
ATTENTION : président pro-vie
"Le droit le plus fondamental du gouvernement est de protéger la vie de l'innocent. Mon administration a été investie pour établir une culture de la vie en favorisant vigoureusement l'adoption et les lois parentales, s'opposant au financement fédéral de l'avortement, en encourageant l'abstinence des adolescants [...]. J'ai signé la législation en 2003 interdisant la pratique cruelle de l'avortement par naissance partielle et cette loi représente notre engagement à établir une culture de la vie en Amérique. [...]
MAINTENANT, DONC, MOI, GEORGE W. BUSH, président des Etats-Unis d'Amérique, en vertu de l'autorité dont j'ai été investi par la constitution et les lois des Etats-Unis, je proclame le 18 janvier 2009, journée nationale de la sacralité de la vie humaine. J'invite tous les Américains à célébrer ce jour avec des cérémonies appropriées et à souligner notre engagement à respecter et à protéger la vie et la dignité de chaque être humain."
Source : The White House
Inscription à :
Articles (Atom)