mercredi 10 juin 2009
Ecologie : la nouvelle religion.
"Les grandes mythologies élaborées en Occident depuis l'aube du XIXe siècle ne sont pas simplement des efforts pour combler le vide laissé par la décomposition de la théologie et du dogme chrétiens. Elles sont elles-mêmes une sorte de théologie de substitution. Ce sont des systèmes de croyance et d'argumentation qui peuvent être violemment antireligieux, qui peuvent postuler un monde sans Dieu et nier l'au-delà, mais qui par leur structure, leurs aspirations et ce qu'elles attendent des croyants sont profondément religieux dans leur stratégie comme dans leurs effets."
(Steiner, dans Nostalgie de l'Absolu)
Par Ivan Rioufol :
Le vote surprise, lors des élections européennes d'hier, en France, en faveur d'Europe Ecologie (qui fait jeu égal, 16%, avec le PS), porte deux ambiguïtés. Tout d'abord, le mouvement se laisse gentiment présenter comme une expression "citoyenne", rassemblant au-delà des partis dans le louable souci de protéger l'environnement. Or, c'est faux: Europe Ecologie, dirigée par Daniel Cohn-Bendit, est une formation militante de gauche, qui rassemble des Verts, des altermondialistes, des mouvements associatifs. Il se laisse habilement présenter aussi, deuxième ambiguïté, comme une réponse concrète à ce monde réel que le PS se révèle incapable de penser. Or, là aussi, l'apparence est trompeuse: Europe Ecologie est le fruit de l'idéologie "environnementaliste", qui s'est donnée comme but de "penser un autre monde" en plaidant pour la "décroissance", comme l'explique Cécile Duflot, porte-parole de l'organisation. Dans ce creuset, se retrouvent les ayatollahs verts et leurs fatwas à venir.
Alors que les idéologies s'effondrent sous le poids des réalités, il est paradoxal de voir surgir un mouvement qui, habité par des certitudes qui ne tolèrent aucune contradiction, puise à nouveau dans des constructions chimériques et autoritaires. Son projet de société vise à encadrer les activités humaines et leurs libres initiatives. Ce type de mouvement, d'inspiration totalitaire, ne peut fonctionner qu'en ayant recours au politiquement correct, mis au service de l'intimidation intellectuelle. Ceux qui, parmi les scientifiques, contestent le fait que le réchauffement climatique ne serait pas dû à l'homme mais serait la conséquence de phénomènes naturels déjà observés au fil des siècles, n'ont pas accès à l'expression publique. Pour avoir soutenu cette thèse, Claude Allègre a été traité de négationniste. Son avenir gouvernemental est devenu très incertain.
Les électeurs d'Europe Ecologie savent-ils exactement pour qui ils ont voté? Le doute est permis, d'autant que la multidiffusion du film apocalyptique de Yann Arthus-Bertrand, "Home", à la veille du scrutin, a probablement éveillé chez le public des émotions dont l'affable Cohn-Bendit a pu tirer profit. Plus de 8 millions de téléspectateurs ont vu ce documentaire, esthétique mais sans nuance, dont Arthus-Bertrand lui-même a dit (Le Parisien, 5 juin) : "C'est un film de propagande", avant d'indiquer qu'il votera pour Europe Ecologie. Reste à espérer que Nicolas Sarkozy, qui indique ce lundi, fort de ses bons résultats, qu'il prendra "des initiatives ouvrant de nouveaux chantiers", ne se laissera pas abuser par ce mouvement qui, sous prétexte d'écologie, combat la société libérale et sa confiance mise en l'homme.
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1 commentaire:
Entre le commerce de la fin du monde et une tendance à la culpabilité sélective, il y a les divertissements apolitiques.
Quand on confond prises de conscience et caprices de saisons, on fait d’un film d’un soir une cause nationale, voire obligatoire.
Entre les opinions biodégradables et les chèques en blanc, autant parier sur le hasard, mais pas sur l’avenir.
La suite ici
http://tiny.cc/itGbf
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