jeudi 25 juin 2009

"Islam et judéo-christianisme" par Jacques Ellul

" Oui, nous devons tout faire pour surmonter la souffrance, mais l'éliminer complètement du monde n'est pas dans nos possibilités humaines -- simplement parce que nous ne pouvons pas nous extraire de notre finitude et parce qu'aucun de nous n'est en mesure d'éliminer le pouvoir du mal, de la faute, qui -- nous le voyons -- est continuellement source de souffrance. Dieu seul pourrait le réaliser : seul un Dieu qui entre personnellement dans l'histoire en se faisant homme et qui y souffre. Nous savons que ce Dieu existe et donc que ce pouvoir qui « enlève le péché du monde » (Jn 1,29) est présent dans le monde. Par la foi dans l'existence de ce pouvoir, l'espérance de la guérison du monde est apparue dans l'histoire. "
(Pape Benoît XVI
Encyclique « Spe Salvi »
)


Je vous livre des notes personnelles prises il y a quelques mois sur Ellul, « Islam et judéo-christianisme » ( PUF ; qui contient, entre autres, une préface d’Alain Besançon et la préface d’Ellul au livre de Bat Ye’or, « The Dhimmi Jews and Christians under Islam).

Commencé un petit ouvrage de Jacques Ellul sur l’Islam. Il veut démontrer trois erreurs communément admises par les chrétiens à propos de L’islam. « nous sommes les héritiers d’un même Dieu, nous sommes les fils communs d’Abraham et les deux religions sont des religions du Livre, la Bible.
En ce qui concerne les fils d’Abraham, il revient sur la filiation des arabes par Ismaël, fils d’Agar la servante égyptienne et d’Abraham . Ismaël qui reçoit une curieuse bénédiction du Seigneur : « tu seras tel un onagre, tu seras contre tous et tous seront contre toi » ; en un mot, c’est la violence, la guerre qui caractérise Ismaël et sa descendance.
Les fils d’Abraham dans la religion juive puis chrétienne sont les fils d’Isaac, ceux qui ont observé les œuvres d’Abraham, en tout premier lieu sa foi en Dieu : Isaac est le fils que Dieu donne, en son temps à Lui, à Abraham. C’est l’enfant du miracle, de la foi. Ismaël est l’enfant de la non-croyance d’Abraham en Dieu ( Abraham ne croit plus possible d’avoir un enfant avec Sarah, il demande à Agar d’en avoir un avec lui.).Isaac est l’enfant de l’Alliance avec Dieu ; Ismaël ne contracte aucune alliance avec Dieu, il est simplement admis et donc béni par le Seigneur. La religion musulmane n’admet aucune filiation de l’homme avec Dieu, simplement un contrat ; pas d’amour mais un contrat.
( Le nouveau baptisé de Pâque, par le Pape, directeur adjoint du « Corriere della Sera » musulman d’origine, parle de l’Islam comme « historiquement conflictuel » ).

Deuxième point de divergence avec l’Islam : le monothéisme. Pour les musulmans, la religion chrétienne n’est pas monothéiste du tout à cause de la très Sainte Trinité. Un seul Dieu, certes, mais « trois manières d’être Dieu ». « L’unité de Dieu est une unité ouverte, libre, mobile, en elle-même, une unité dynamique. » Cette compréhension de la Trinité permet de comprendre la relation de ce Dieu avec l’homme. Dieu fait participer l’homme à son histoire avec Lui-même. « Cela signifie que l’œuvre de la création devient un reflet, le vis-à-vis du créateur et de la créature, une parabole, et la dualité de l’existence de l’être humain est une image de la vie interne de Dieu. » Quand Dieu se donne dans l’Incarnation, il est vraiment Dieu. Il se donne, à l’homme, en l’homme, c’est Dieu Esprit-Saint ou Don ou Amour. Il s’agit d’une unité ontologique par rapport à une unité purement numérique, selon l’islam. De plus, pour l’islam, il ne peut y avoir de relation personnelle, intime, entre Dieu et l’homme, telle qu’elle est pensée par le christianisme au travers de l’éclairage de la Sainte Trinité.
La transcendance divine est abîme entre Allah et l’homme chez les musulmans, elle est amour entre Dieu et l’homme par Jésus-Christ, chez les chrétiens.
Passage sublime d’Ellul : « La vérité ne consiste pas en des mots ou des idées…mais dans la réalité vivante de quelqu’un. Quand Jésus dit : « Je suis la vérité », il transforme totalement ce que nous pouvons concevoir comme vérité ! Ce n’est plus un débat d’idées, de philosophies, ce n’est pas la science qui permet de découvrir la vérité, puisque, ce qui est un scandale pour l’intelligence humaine, la vérité n’est pas une abstraction, mais une ( et une seule ! ) personne. »

Religions du Livre.
Distinction entre le Coran et La Bible. Le C. est dicté, lettre par lettre à Mahomet. La B. est un recueil de messages étalés sur dix siècles, messages que l’Eglise a accepté ou rejeté après examens et colloques. « La liberté est l’essence même de l’œuvre de Dieu, par l’homme, telle qu’elle nous est montrée dans l’Ecriture . » « La Bible n’est pas un livre dicté, c’est un livre inspiré ».
La Bible est « originée » dans une Parole de Dieu et devient Parole de Dieu quand elle est actualisée par l’Esprit- Saint en l’homme, par l’homme. Dieu reprend l’homme comme partenaire pour rendre vie à sa Parole.
La Bible est l’histoire du cheminement de Dieu avec l’homme, pour l’ élever à son niveau.
( plutôt : c’est Dieu qui s’est abaissé au niveau de l’homme.).
La Bible, c’est l’histoire du sauvetage de l’homme.( Dieu lui dit : « ne t’inquiète pas, toutes les alliances contractées entre les hommes sont fragiles, se brisent, au mieux, résistent miraculeusement et sans raisons vraiment plausibles quelques années, une vie , mais l’Alliance fondatrice, originelle, entre l’homme et Dieu demeure, elle est source de création , elle fait que tu existes et que tu es quelqu’un au regard de Dieu. »)




1 commentaire:

Didier Goux a dit…

Je viens de commander le livre dont vous parlez, ainsi que son Ce que je crois